Revue des Sciences Religieuses

VIIe centenaire de la naissance de Jean Tauler

75 n°4 (2001), p. 589-590

 TABLE DES MATIÈRES DU TOME LXXV (2001)

publié avec le concours des éditions du Cerf.

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G. Littler
 

V. BEYER, Les vitraux de l'ancienne église des Dominicains de Strasbourg

Les vitraux de l'ancienne église des Dominicains de Strasbourg, p. 422-428. - Par leur splendeur, les vitraux de l'ancienne église des Dominicains devaient constituer « une sixtine du vitrail ». Ces vitraux, qui ont été réalisés en trois temps (1254-1260; 1307-1345; 1417), subsistent partiellement à la cathédrale et à l'œuvre Notre-Darne. C'est le troisième moment de leur réalisation que l'on étudiera ici : celui qui correspond au Jugement dernier et au Collège des Apôtres. L'originalité de ce Jugement dernier tient à la présence de la Sagesse, due certainement à l'influence de Suso, et à celle de Moïse qui, non seulement, préfigure le Christ, mais qui amène aussi à rapprocher le Jugement dernier et la Transfiguration.

J. DEVRIENDT, La question de la similitude chez Eckhart et Tauler

La Devotio moderna, lue à travers l'ouvrage de Thomas a Kempis, le De imitatione Christi a-t-elle une dette envers la mystique rhénane? Pour engager des éléments de réponse, il est important de considérer ce qui leur est commun et ce qui les distingue, au sujet de l'Incarnation de Jésus-Christ. Alors, au-delà de la simple coïncidence des mots, le sens de l'imitation de Jésus-Christ chez Jean Tauler peut être présenté, en référence à un ouvrage, dont certains éditeurs ont cru qu'il était l'auteur.

Mgr J. DORÉ, Synthèse

Dans ses conclusions au Colloque Tauler, Mgr Doré souligne qu'il manifeste sur pièces l'importance d'un travail de recherche universitaire spécialisé. La fréquentation de Tauler fait bien apparaître la richesse théologico-philosophique de sa pensée et les ressources socio-culturelles qui y sont de fait liées.

S. ECK, Le salut par le Christ d'après Eckhart

Le plus grand don de Dieu à l'humanité c'est qu'il se soit fait homme. C'est aussi la plus grande preuve de son amour. Il s'est fait notre ami, et ainsi dans une totale proximité, nous transmet, non seulement quelques vérités indispensables, mais tout le mystère de Dieu. Il ne s'est pas seulement fait homme, mais a assumé l'humanité. Aussi, tout homme est le Christ, et nous avons à le reconnaître en chacun, ce qui exige que nous nous dépouillions de notre « moi » particulier. Ainsi naît le monde nouveau qui est l'Église.

M. ENDERS, La compréhension mystique de l'amour humain chez Jean Tauler

En suivant l'exemple des schémas d'élévation et de degrés de l'amour humain de Dieu esquissés par la tradition, Jean Tauler développe une théorie de la mystique de l'amour humain. Ce vrai amour humain qui met en œuvre l'unité est, conformément à cette théorie, désintéressé, indivis et plein d'humilité, et à cause de cela il est dirigé dans son intention uniquement sur Dieu respectivement sur la réalisation de sa volonté. Mais l'amour humain de Dieu et du prochain en tant que dévouement absolu à la volonté de Dieu, n'est réalisé que dans le moment où Dieu est devenu le principe formel de la volonté humaine, parce que Dieu même est l'essence de l'amour. C'est la raison pour laquelle la compréhension mystique de l'amour humain chez Tauler implique l'union mystique, c'est-à-dire l'union immédiate de l'amour divin avec l'amour humain dont l'activité propre est relevée dans cette union. L'homme doué de la mystique se fait plonger d'une certaine manière par la force unificatrice irrésistible de cet amour absolu dans la mise en œuvre trinitaire de l'amour de Dieu de soi-même pour devenir ainsi un homme rempli par Dieu qui est l'amour même.

R. GOETSCHEL, Kabbale théosophique et Piétisme juif rhénan au XIVe siècle

M. GRUBER, Images de la croix chez Tauler et Suso

Parmi les images que Tauler et Suso utilisent dans leur prédication, celle de la croix a une place spéciale, car elle est plus qu'une image, elle est voie de salut, chemin de souffrance qui donne lieu à de fortes descriptions de la Passion, mais aussi chemin de gloire qui amène à être « formé dans le Christ » et « transformé dans la Déité ». Avant d'être abandonnées, les images, notamment celle de la croix, sont des voies de méditation conduisant à l'union mystique.

A.M. HAAS, L'itinéraire de Jean Tauler

G. LITTLER, La numérisation du fonds sur les mystiques rhénans

En dépit de l'incendie de 1870, la B.N.U. S., seconde bibliothèque de France, dispose d'un fonds unique de manuscrits de la mystique rhénane. Grâce à la Fondation Singer-Polignac, ces manuscrits viennent d'être numérisé avec les techniques les plus modernes dans le domaine. Ainsi sont-ils accessibles aux chercheurs grâce à l'Intranet de la B.N.U.S., ce qui constitue un outil précieux de recherche.

E. MANGIN, La lettre de l'évêque de Strasbourg et la question du Libre-Esprit

Cet article propose la traduction d'un document unique en son genre. En effet, cette Lettre mentionne pour la première fois la « secte » et dénonce les idées et agissements des « frères et sœurs du Libre Esprit ». Elle permet non seulement de mieux comprendre cette hérésie mais aussi de préciser le contexte historique de la mystique rhénane. Une présentation indique le contenu, signale quelques documents conciliaires et autres textes d'accusation qui ont pu servir de référence, et aborde enfin le contexte spirituel de cette Lettre.

D. PAYOT, L'actualité de Jean Tauler

OUVERTURE DU COLLOQUE TAULER ,

29 JANVIER 2001

C'est un grand honneur pour moi de concourir, aux côtés de Monseigneur Doré, archevêque de Strasbourg, et de Catherine Trautmann, Maire de Strasbourg, à ouvrir une manifestation scientifique consacrée à Jean Tauler. En les remerciant d'avoir bien voulu venir ce matin au Palais Universitaire, dans cette salle précisément qui porte le nom de celui qui sera aujourd'hui particulièrement évoqué, je voudrais aussi m'adresser avec gratitude à tous ceux qui, avec eux, ont rendu possible cette journée : Marie-Anne Vannier et toute l'Équipe de Recherche sur les Mystiques Rhénans de la Faculté de Théologie Catholique de notre Université, Gérard Littler, Administrateur de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg, Frère Paul-Dominique Massiclat, Prieur du Couvent des Dominicains de Strasbourg et, avec lui, l'ensemble du Centre Culturel Emmanuel Mounier, Claude Lambert, Recteur de l'Académie de Strasbourg. Je voudrais aussi remercier ceux qui, à leurs côtés, ont participé à l'organisation matérielle de cette rencontre. Enfin, permettez-moi de me réjouir de la présence d'un grand nombre d'intervenants éminents, parmi lesquels des collègues étrangers, qui ont accepté pour la circonstance de venir à Strasbourg, depuis leur résidence habituelle, qui se trouve être, en l'occurrence, Florence, Zurich, Munich ou Paris.

Le Président d'Université que je suis, et qui se trouve ici dans l'exercice de ses fonctions, ne peut oublier le philosophe qu'il est aussi, ou qu'il tente de demeurer. Les quelques mots qui suivent ne sont, de ce point de vue, que le témoignage d'un enseignant et chercheur en philosophie, dont la spécialité ne concerne que de loin Jean Tauler, l'époque et le courant de pensée qui s'y rattachent. Je voudrais insister cependant sur l'importance considérable de la Mystique Rhénane pour l'ensemble de l'histoire de la pensée, allemande mais plus généralement européenne, et ce jusqu'à présent. Il est, à plusieurs égards, surprenant de constater à quel point les références à Maître Eckart et aux autres protagonistes de cette mouvance sont fréquentes, même si elles ne sont pas toujours très rigoureusement construites. Ce qui s'est inventé et ce qui fut exprimé là au sujet des relations que les hommes entretiennent avec Dieu, avec le temps, avec l'image, ou dans le domaine de la communauté et des relations que les hommes entretiennent entre eux, continue de travailler les consciences, continue d'insister comme un moment privilégié de la pensée et du regard que nous portons, depuis notre finitude, sur nous-mêmes et sur ce qui nous dépasse.

 Peut-être la persistance de cet intérêt tient-elle à cette conjonction, au XIVe siècle, et particulièrement dans la région où nous nous trouvons, d'une aspiration extraordinaire à la liberté et de l'expérience renouvelée des limites que rencontrent inévitablement nos existences, nos paroles, nos discours. Les Sermons de Jean Tauler, comme ceux de Maître Eckart, me semblent porter cette double marque, et démontrer, en quelque sorte, que le fait d'assumer notre finitude n'est pas exclusif de l'ambition que nous pouvons porter d'une existence libre. A moins qu'il ne convienne plutôt d'insister sur la formulation inverse : la légitime volonté de vivre libres gagne encore en profondeur, en intensité et en amour de la justice, dès lors que nous l'inscrivons dans le contexte d'une condition humaine qui n'est ni omnisciente, ni absolue. La sagesse des Mystiques Rhénans tient peut-être en partie à cela, à ce rappel que l'humanité risque bien de se faire inhumaine et monstrueuse quand elle oublie ses limites et y substitue la revendication insensée d'une communauté absolue, une communauté qui intégrerait la totalité de l'existence et du monde, qui nierait ce qui, hors d'elle, la déborde, lui reste inappropriable, et qui pourtant, par cette irréductibilité même, parce que ce qui l'excède résiste toujours à sa réduction au statut de chose possédée, accorde à l'humanité, depuis cet autre irréductible, son propre sens. Et peut-être ce << message >> nous est-il tout aussi nécessaire aujourd'hui qu'il l'était au XIVe siècle, du vivant de Tauler, ou qu'il le fut au XVIe siècle, quand le Christianisme, appelé à une profonde réflexion sur lui-même, se souvint avec insistance de ces grandes figures de la mystique rhénane, parmi lesquelles Jean Tauler ne fut pas la moins commentée ni la moins louée.

 C'est maintenant à notre tour, ici à Strasbourg, de faire revivre cette figure, d'en peser l'importance, d'en faire apparaître les dimensions jusqu'ici insuffisamment soulignées. C'est là le travail des éminents spécialistes qui se succéderont à cette table. Je leur laisse bien volontiers la place et la parole, non sans avoir auparavant dit ma joie de voir Jean Tauler célébré dans cette salle qui porte son nom, et dans cette région rhénane où il vécut et qui, je le sens et je le sais, a gardé, tout au long de son histoire et dans son actualité encore, des traces nombreuses de cette pensée à la fois lucide, ouverte et passionnément attachée à la justice, qu'il a si fortement contribuée à construire et à exposer.

 

G. PFISTER, La postérité de Jean Tauler

La postérité de Jean Tauler, p. 465-478. - La pensée de Tauler est fortement tributaire de celle de Maître Eckhart. Ce sont largement la qualité de sa langue et la force de ses images qui constituent l'originalité et la force de l'œuvre du maître strasbourgeois. Certes la postérité de Tauler doit beaucoup à la condamnation de Maître Eckhart en 1329, ainsi qu'à la situation culturelle relativement privilégiée de Strasbourg. Mais elle est surtout à mettre au compte de son écriture, moins aride que celle d'Eckhart et des théologiens de son temps, moins affective que celle d'un Suso. Tauler est l'un des premiers grands écrivains alsaciens et certainement celui qui nous est aujourd'hui le plus accessible, bien plus que Reinmar de Haguenau ou Gottfried de Strasbourg.

Tauler n'a de son vivant publié aucun livre. Le texte des Sermons provient largement de notes prises par des auditeurs : or, d'un sermon à l'autre, on retrouve un même ton et une même saveur. Pour que ce style ait pu franchir sans dommage de tels obstacles, il faut qu'il ait été particulièrement vigoureux. Il se définit d'abord par un merveilleux sens de l'image, mais aussi par de nombreuses références de la vie quotidienne. Il trouve sa note personnelle dans un robuste sens pratique et une ironique indulgence à l'égard des hommes.

Les idées rhénanes ont connu un rayonnement considérable, du protestantisme au Carmel, du piétisme aux philosophes. Mais la postérité propre de Tauler se situe sans doute avant tout sur un plan littéraire. Parmi les héritiers directs de Tauler sont ici évoqués l'Anonyme de Francfort, l'auteur du Petit Livre de la Vie Parfaite, autrement connu sous le titre de Théologie Germanique; Gerlac, l'auteur des Soliloques enflammés avec Dieu; enfin Angelus Silesius, l'auteur du célèbre Errant chérubinique, qui fut étudiant à l'université de Strasbourg pendant un an. Parmi les modernes successeurs de Tauler sont étudiés Jean Arp, grand lecteur de Silesius et Boehme dès sa jeunesse, et Jean-Paul de Dadelsen, le poète du Jonas, par qui une certaine saveur proprement taulérienne fait son entrée dans la littérature française. Plus proche de nous encore, un écrivain comme Thierry Metz, auteur des Dialogues avec Suso, s'est lui aussi nourri des Rhénans.

Une écriture, qui s'efforce sans cesse d'échapper aux pesanteurs des définitions et des formules toutes faites, une pensée qui cherche à rester dans le mouvement de l'âme sans s'enfermer dans les règles et les préceptes, un tempérament dont la tendance est de demeurer près des choses, près des gens, dans un esprit d'humilité et d'écoute : tels sont pour l'auteur les éléments qui ont assuré à cette œuvre atypique son étonnante postérité.

F. RAPP, Jean Tauler dans son contexte historique : Les évêques de Strasbourg à l'époque de Tauler

Trois esquisses biographiques tendent à montrer qu'entre 1308 et 1365 les évêques de Strasbourg nommés par les papes d'Avignon, sans négliger les affaires politiques, particulièrement délicates à cette époque, ne s'y consacrèrent pas entièrement. Ils s'efforcèrent de réformer une société ecclésiastique dont les membres, accaparés trop souvent par des préoccupations matérielles, ne se souciaient pas d'adopter le comportement convenant à leur état. La vie de ces administrateurs méticuleux fut sans reproche et l'un d'entre eux mourut en odeur de sainteté.

J. REAIDY, Trinité et naissance mystique chez Eckhart et Tauler

La mystique de la naissance, selon Eckhart et Tauler, présuppose nécessairement une théologie trinitaire originaire. Le naître originaire est un naître éternel et continuel dans l'Abîme abyssal de la vie trinitaire. Naître de Dieu en Dieu, c'est laisser Dieu naître en nous tel qu'il s'engendre lui-même en lui-même. L'homme, engendré du Père dans le Fils par l'Esprit, est enfanté sans cesse là où le Père ne cesse de s'engendrer lui-même et d'engendrer son Fils dans la communion avec]'Esprit dans son Fond sans fond qui est le Principe de la Déité. Le fait d'écouter le Verbe éternel dans le Silence du Père par l'Esprit nous donne de naître en tant que parole divine. Conformément aux intuitions d'Eckhart, Tauler nous dit que l'engendrement de l'âme dans la vie trinitaire fait d'elle une âme maternelle, paternelle, filiale, spirituelle, c'est-à-dire le Lieu de la naissance trinitaire. Naître mystiquement : à l'image du naître trinitaire est la condition de toute divinisation et de toute communion vivante universelle.

C. TRAUTMANN, Jean Tauler, un strasbourgeois de renom

R. VALLÉJO, Un spectacle et une exposition pour le 700e anniversaire de la naissance de Jean Tauler à Strasbourg

Une exposition à la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg et un spectacle-concert au Temple-Neuf évoquaient les lieux où vécu et prêcha celui qui fut considéré comme un Lebemeister par les « Amis de Dieu ». L'exposition permettait d'admirer le corpus de la mystique rhénane conservé à la B.N.U.S. : vingt-quatre manuscrits et incunables de Maître Eckhart, Jean Tauler, Ruhlman Merswin et du bienheureux Henri Suso. Le spectacle, qui permettait d'admirer les vitraux de l'ancienne église Saint-Barthélemy, alternait un florilège des Sermons de Jean Tauler avec des pièces du répertoire grégorien dominicain.

M.- A. VANNIER, Jean Tauler et les Amis de Dieu

Si le thème de la naissance de Dieu dans l'âme caractérise l'œuvre de Jean Tauler, celui de l'amitié avec Dieu, qui y est lié, n'est pas moins important. En tant que Lebemeister, Tauler a non seulement expliqué ce qu'il en était de l'amitié avec Dieu, mais il a aussi réuni un groupe d'Amis de Dieu et, par ses textes, il invite, aujourd'hui encore, chacun à devenir véritablement ami de Dieu, de s'acheminer vers la divinisation qui est donnée par grâce.

M.-A. VANNIER, Les oeuvres du corpus de la mystique rhénane numérisées par la B.N.U.S

Si le manuscrit 2929 de l'Exemplar d'Henri Suso est le plus prestigieux du corpus, il n'en demeure pas moins que les Sermons d'Eckhart, ceux de Tauler et les œuvres de Rulmann Merswin ont un intérêt certain et que leur numérisation est une véritable chance pour les chercheurs.

M. VANNINI, Par-delà Platon et Bouddha : la Theologia Deutsch

L'œuvre de l'Anonyme de Francfort, le Livret de la vie parfaite, publié par Luther avec le titre qui l'a rendu célèbre : Theologia Deutsch, a été considérée par Schopenhauer un chef-d'œuvre, tout comme Platon et Bouddha. Le Livret explique, selon l'enseignement d'Eckhart et de Tauler, que le monde devient un paradis lorsque la volonté propre est dépassée, C'est-à-dire lorsque la radicale méchanceté de notre être prend fin. Seulement à ce moment-là, dans le vide que l'âme a fait de sa propre volonté, de son propre désir, d'elle-même, Dieu entre, lui dont la volonté absolue remplace la volonté finie, qui lui faisait obstacle. Schopenhauer ne saisit pas, toutefois, l'aspect spécifiquement christologique du Livret, la nécessité de « vivre la vie du Christ », de se conformer au Christ dans le détachement; là ou le Christ n'est pas un modèle à imiter, chose d'ailleurs impossible -, mais le Logos qui s'engendre dans le détachement. Dieu est en effet esprit, amour et relation, et non objet-autre, comme le Dieu biblique, mais non plus l'impersonnel Un, duquel tout s'épanche et auquel tout revient.