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Occurrences des termes signifiant la souffrance chez Me Eckhart

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Pour établir cette liste, nous avons utilisé l'index in : Meister Eckhart, Die deutsche und lateinischen Werke, hrsg. im Auftrage der Deutschen Forschungsgemeinschaft, Stuttgart, à partir de 1936.

Nous utilisons la traduction de Jeanne ANCELET-HUSTACHE. AH. : Les Traités, Paris, Seuil, 1971; AH1 : Les Sermons (1-30), Paris, Seuil, 1974; AH2 : Les Sermons (31-59), Paris, Seuil, 1978; AH3 : Les Sermons (60-86), Paris, Seuil, 1979.

Pour le Livre de la Consolation divine, nous avons fait un choix parmi les nombreuses récurrences.

Vous pouvez sélectionner un des ces écrits sur la barre suivante :

--Les Entretiens spirituels--- -Le Livre de la Consolation divine-- Du Détachement-- Sermons


Les Entretiens spirituels.

* Apprends à agir ainsi quand tu es dans la plus grande souffrance (in dem meisten lîdenne) et comporte-toi de la manière dont tu te comporterais alors. E.S.XI, AH,57.

Si grande que soit la souffrance (daz lîden), si elle passe par Dieu, Dieu est le premier a en souffrir (lîdet). Oui, par la vérité qu'est Dieu, si minime que soit une souffrance (ein lîden) qui atteint l'homme, ennui ou contrariété, dans la mesure où on la remet à Dieu, elle touche Dieu infiniment plus que l'homme et lui est plus contraire qu'elle ne l'est à l'homme. Mais si Dieu la supporte (lîdet) en raison d'un bien qu'il a prévu par là pour toi, et si tu es disposé à souffrir (lîden) ce que Dieu souffre (lîdet) et qui passe par lui pour parvenir à toi, cette souffrance devient justement divine. Ibid., AH,58-59.

Ainsi donc, quand ils seront dans les ténèbres ou dans la souffrance (in dem lîdenne), ils verront la lumière . Ibid., AH,58.

En vérité, pour celui qui aurait l'esprit droit et comprendrait bien Dieu, de telles souffrances (lîdunge) et de telles éventualités deviendraient une grande bénédiction . Ibid., AH,59.

Toute l'offense, tout l'outrage commis envers Dieu par tous les péchés, il veut les supporter (lîden) et les a supportés (haben geliten) bien des années pour que l'homme acquière ensuite une grande connaissance de son amour [...] C'est pourquoi Dieu souffre (lîdet) volontiers l'outrage des péchés, l'a souvent souffert et l'a permis le plus souvent chez ceux qu'il avait choisis pour qu'ils accomplissent de grandes choses . E.S.XII, AH, 61.

Le repentir temporel est toujours attiré vers le bas dans une plus grande souffrance (leit) et met l'homme dans une telle tristesse qu'il lui semble aller au désespoir ; le repentir demeure alors dans la souffrance (leide) et ne fait pas de progrès E.S.XIII, AH, 61.

Il en résulte une joie spirituelle qui élève l'âme hors de toute souffrance (leide) et de toute tristesse et l'arrache fortement à Dieu . Ibid., AH,62.

Telle est la vraie pénitence ; elle a pour cause particulière et très parfaite la précieuse Passion (von dem wirdigen lîdenne) et l'expiation parfaite de Notre-Seigneur Jésus-Christ [...] L'homme doit aussi s'habituer à pénétrer en tout temps et dans toutes ses oeuvres dans la vie et dans les oeuvres de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en tout ce qu'il accomplit et omet, dans ses souffrances (lîdenne) et dans sa vie E.S.XVI, AH, 65.

Que l'homme s'abandonne totalement à Dieu, quoi que celui-ci veuille lui imposer, mépris, peine ou quelque souffrance (lîdens) que ce soit, qu'il l'accepte avec joie et reconnaissance et qu'il se laisse conduire par Dieu plutôt que de s'y porter lui-même . E.S.XVIII, AH, 69.

Telle est sans doute la raison pour laquelle Dieu dispense ses amis de grandes et multiples souffrances (lîdens), autrement sa fidélité infinie ne le tolérerait pas (erlîden), parce que la souffrance apporte tant et de si grands bienfaits qu'il ne veut ni ne peut priver les siens d'aucun bien (in dem lîdene liget). La volonté bonne et droite lui suffit, sans quoi il ne les priverait d'aucune souffrance (in dem lîdenne liget), en raison du grand bienfait qu'elle apporte . Ibid., AH, 70.

Ses puissances inférieures [de Jésus-Christ] se trouvaient en même temps dans les souffrances (in dem meisten lîdenne) et les luttes les plus grandes [...] il faut absolument assigner au corps, aux puissances inférieures et aux sens toutes les souffrances (lîden), alors que l'esprit doit s'élever en Dieu de toute sa force et, libéré, s'abîmer en Dieu. Or la souffrance (lîdunge) des sens et des puissances inférieures ne concerne pas l'esprit . E.S.XX, AH, 75.

la pénitence extérieure (durch ûzerlîchez lîden). E.S.XXI, AH, 77.

Mais s'il s'avère que les choses ne puisent s'accorder, que l'une ne tolère pas l'autre (enlîdet), vois là un signe certain que Dieu n'en est pas à l'origine [...] Que cela te soit donc un signe certain : si un bien n'en tolère pas (entlîdet) un autre ou même un moindre bien, ou même le détruit, cela ne vient pas de Dieu . E.S.XXII, AH, 82.

S'il t'en libère, remercie-le ; s'il ne le fait pas, supporte-le (lîdest). E.S.XXIII, AH, 88.

Souffre-le, supporte-le avec patience (lâz dir leit sîn und lîde daz selbe mit gedult) [...] Dieu supporte (lîdet) volontiers la honte et le désagrément . Ibid., AH, 89.

Il est écrit et Notre-Seigneur dit : ''bienheureux ceux qui souffrent (lîdent durch die gerehticheit) pour la justice'' [...] ''Vois, tu vas souffrir (lîden) pour la justice, car tu as ce que tu mérites'' [...] En vérité, si injustes que nous soyons, si nous acceptons de Dieu comme étant juste ce qu'il nous accorde ou ce qu'il ne nous accorde pas, et que nous le souffrions (lîden) pour la justice, nous serions bienheureux. Ibid., AH, 89.

  Le Livre de la Consolation divine. (Choix de quelques récurrences)

 

Il est trois sortes d'afflictions qui touchent l'homme et l'accablent dans cet exil. L'une provient de la privation de biens extérieurs, l'autre l'atteint en ses parents et ses amis, la troisième a pour cause ce qui le touche lui-même, mépris, tribulations, douleurs physiques, souffrance du coeur (an leide des herzen). AH., p. 97.

* En Dieu, il n'y a ni tristesse, ni souffrance (leit), ni tribulation. Si tu veux être libéré de toute tribulation et de toute souffrance (leides), attache-toi à Dieu, tourne-toi purement et uniquement vers Dieu. Certainement, toute souffrance (allez leit) vient seulement de ce que ton désir ne te porte pas uniquement en Dieu et vers Dieu. C'est pourquoi il faut que l'homme s'applique beaucoup à se détacher de lui-même et de toutes les créatures et ne connaisse d'autre Père que Dieu seul. Ainsi, rien ne peut le faire souffrir (leit) ni l'affliger. AH, p.100.

* Les saints et les maîtres païens disent aussi que Dieu et la nature ne permettent pas qu'un mal et une souffrance (leit) puissent être absolus. AH, p. 101.

* Je dis en outre : toute souffrance (leit) vient de l'attachement et de l'amour. Si donc je souffre (leit) au sujet des choses éphémères, c'est que mon coeur aime et chérit encore les choses éphémères, que je suis encore attaché à Dieu de tout mon coeur et n'aime pas encore ce que Dieu veut que j'aime en même temps que lui. AH, p. 103-104.

* Un homme bon doit faire confiance à Dieu, croire, être certain, savoir que Dieu est si bon qu'il est impossible à Dieu, à sa bonté et à son amour, de tolérer (lîden) que l'homme éprouve une souffrance (lîden leit), si ce n'est pour lui en épargner une plus grande (groezer leit), ou lui donner plus de consolation sur la terre, ou en tirer un plus grand bien ou l'honneur de Dieu apparaîtra davantage et plus manifestement. AH., p. 106.

* L'homme bon veut et voudrait sans cesse souffrir pour Dieu (lîden durch got), non pas avoir souffert (gelîten hân), en souffrant (lîdende), il a ce qu'il aime. Il aime souffrir pour Dieu (lîden durch got) et souffre (lîdet) à cause de Dieu. AH., p.123.

* celui qui était Fils de Dieu par nature voulut devenir homme par grâce, afin de pouvoir souffrir (lîden) pour toi, et tu veux devenir fils de Dieu, quitter ta nature humaine, afin de ne pas avoir à souffrir (lîden) pour Dieu ni pour toi-même ?. AH., p. 127.

* Dieu est avec nous dans la souffrance (îm lîdenne), cela signifie qu'il souffre (lîdet) lui-même avec nous [...] Dieu souffre (lîdet) avec l'homme, oui, il souffre (lîdet) selon son mode, davantage et incomparablement plus que celui qui souffre (lîdet), qui souffre (lîdet) pour lui [...] Souffrir (lîden) est pour lui si délectable que souffrir (lîden) n'est pas pour lui souffrir (lîden). AH., p. 128

Du Détachement.

En second lieu, je loue le détachement plus que l'amour parce que l'amour me force à souffrir toutes choses pour Dieu (lîde durch got), alors que le détachement me porte à n'être accessible qu'à Dieu. Or il est beaucoup plus noble d'être accessible à Dieu seulement que de souffrir toutes choses pour Dieu parce que, dans la souffrance (lîdenne), l'homme a quelque peu en vue la créature qui cause à l'homme la souffrance (lîden), alors que le détachement est complètement affranchi de toute créature. AH, 161.

* Le détachement parfait ne considère nullement qu'il doit se courber au-dessous de quelque créature ni au-dessus [...] sans considérer l'amour ou la souffrance (leide). AH, 162.

* Tu dois savoir ici que le véritable détachement consiste seulement en ce que l'esprit demeure aussi insensible à toutes les vicissitudes de la joie et de la souffrance (leides), de l'honneur, du préjudice et du mépris qu'une montagne de plomb est insensible à un vent léger. AH, 164.

* Lorsque le Fils dans la déité voulut devenir homme, le devint et subit le martyre (die marter leit), le détachement immuable de Dieu ne fut pas plus troublé que s'il ne s'était jamais fait homme. Ibid.

* Quand le Fils voulait se faire homme et souffrir (lîden). AH, 165.

* L'animal le plus rapide qui nous conduise à cette perfection, c'est la souffrance (lîden) [...] Rien n'est plus amer que de souffrir (lîden), mais rien n'est plus douceur plus melliflue que d'avoir souffert (gelîten-hân). Devant les gens, rien ne défigure autant le corps que la souffrance (lîden) mais devant Dieu rien n'orne autant l'âme que d'avoir souffert (gelîten-hân) [...] l'amour apporte la souffrance et la souffrance apporte l'amour (liebe bringet leit, und leit bringet liebe). AH, p. 171.

Sermons

Le quatrième degré, c'est quand il croît et s'enracine de plus en plus dans l'amour et en Dieu, de telle sorte qu'il est prêt à accepter tout ce qui est contrariété, tentation, adversité, et à supporter de souffrir (leit lîden) de bon gré et volontiers, avec désir et joie. De l'Homme noble, AH, p.147.

Quoique beaucoup de vanités, de souffrances (lîden) et de misères assaillent l'homme, il demeure cependant dans l'image de Dieu, et l'image de Dieu en lui. Ibid., AH, 148.

Quand l'esprit reçoit cette puissance dans le Fils et par le Fils, il progresse lui-même puissamment, en sorte qu'il devient semblable et puissant dans toutes les vertus, et en toute parfaite pureté, si bien que ni joie ni souffrance (leit), ni tout ce que Dieu a créé dans le temps n'est capable de troubler l'homme et que, bien plutôt, il y demeure puissamment comme en une force divine à l'égard de laquelle toutes choses sont petites et impuissantes. Serm.1, AH1, p. 49.

Si un homme possédait tout un royaume ou tous les bien de la terre et les abandonnait absolument pour Dieu, devenant un des hommes les plus pauvres qui vivent sur le terre, si Dieu lui donnait ensuite autant à souffrir (lîdenne) qu'il ait jamais donné à un homme, s'il souffrait (lite) tout cela jusqu'à sa mort et que Dieu lui laisse une seule fois jeter un regard sur ce qu'il est dans cette puissance - sa joie serait si grande que toute cette souffrance (lîdens) et cette pauvreté aurait été encore trop peu. Oui même si Dieu ne lui donnait ensuite jamais le ciel, il aurait pourtant reçu une récompense par trop grande pour tout ce qu'il aurait jamais souffert (geleit), car Dieu est dans cette puissance comme dans l'instant éternel [...] Or voyez, cet homme demeure avec Dieu en une même lumière, c'est pourquoi il n'y a en lui ni souffrance (lîden) ni succession, mais une même éternité. Serm.2, AH1, p.54.

Si quelque homme contemplait là un instant avec son intellect selon la vérité, les délices et la joie qui y sont contenues, tout ce qui pourrait souffrir et tout ce que Dieu voudrait qu'il souffrit (gelîden), tout cela serait pour lui peu de chose et rien de rien. Ibid., p.55.

Si tu veux vraiment savoir si ta souffrance (lîden) est de toi ou de Dieu, tu le reconnaîtras ainsi : si la souffrance (lîdest) vient de toi, quel que soit son mode, cette souffrance (lîdest) te fait mal et est pénible à supporter. Mais si tu souffres pour Dieu (lîdest durch got), et pour Dieu seul, cette souffrance (lîden) ne te fait pas mal et ne t'es pas pesante, car Dieu porte le fardeau. En toute vérité, s'il existait un homme qui veuille souffrir pour Dieu, uniquement pour Dieu seul, et si toute la souffrance que tous les hommes ont jamais supportée et que souffre le monde entier s'abattait sur lui, cela ne lui ferait pas mal et ne lui serait pas non plus pesant, car Dieu porterait le fardeau [...] Bref : quoi que l'homme souffre pour Dieu (lîden durch got), et pour Dieu seul, Dieu le lui rend facile et doux Ibid.

Et comme tu sais que c'est la volonté de Dieu [...] et même si c'était le plus extrême de la peine et que tu éprouves alors quoi que ce soit qui fût peine et souffrance (lîdens), ce serait encore complètement injustifié, car tu dois l'accepter de Dieu comme absolument le meilleur. Sermon 4, AH1, p. 63.

Et il appartient à son être (au Père) d'engendrer son Fils dans l'âme, qu'il en ait joie ou peine (leit). Ibid., p. 66.

Si tu souffres (ist dir laid) de n'avoir ni piété ni componction, c'est précisément là maintenant ta piété et ta componction. Sermon 5a, AH1, p. 72.

Celui-là est juste d'une manière, et dans un autre sens ceux-là sont justes qui reçoivent de Dieu toutes choses, quelles qu'elles soient, de la même manière, que ce soit grand ou petit, agréable ou pénible (liep oder leit). Sermon 6, AH1, p. 83.

Oui, si tous les tourments de ceux qui sont en enfer, hommes ou démons, ou tous les tourments qui ont jamais été ou seront subis (gelîten) sur la terre étaient liés à la justice, ils n'y attacheraient pas la moindre importance tant ils tiennent fermement à Dieu. Ibid., p. 84.

Il lui faut le faire, qu'il en ait joie ou peine (liep oder leit). Ibid., p. 85.

Notre Seigneur dit à ses disciples : ''Heureux êtes-vous de souffrir (lîdet) quelque chose pour mon nom''. Il est dit : ''Ils sont morts''. Ils sont morts signifie d'abord que ce que l'on souffre (lîdet) en ce monde et en ce corps a une fin [...] En troisième lieu, nous devons nous comporter comme si nous étions morts, en sorte que ni plaisir ni désagrément (liep noch leit) ne nous touchent. Sermon 8, AH1, p. 93.

Il faut être foncièrement mort pour que ni joie ni peine (liep und leit) ne nous touchent [...] Joie et peine (liep und leit) sont en opposition et celle-ci ne demeure pas dans l'être Ibid., p. 95.

Est juste ce qui est le même dans la joie et dans la souffrance (in leide), dans l'amertume et dans la douceur, à qui aucune chose ne fait obstacle Sermon 10, AH1, p.112.

Où que nous nous trouvions, dans la fortune ou dans l'infortune, la joie ou la souffrance (in leide), quel que soit notre penchant, il nous faut nous en dépouiller [...] Il faut déplorer que certaines personnes s'imaginent être très élevées et même en parfaite union avec Dieu, qui, cependant ne sont pas encore totalement renoncées et s'attachent encore à des choses minimes dans le plaisir ou dans la peine (in liebe und in leide). Sermon 11, AH1, p. 117.

Les véritables vierges suivent l'Agneau partout où il va, dans la souffrance (in leit) comme dans la joie. Certaines suivent l'Agneau dans la douceur ou l'agrément, mais lorsqu'il va dans la souffrance (in lîden), la peine et la tribulation, elles s'en retournent et ne le suivent pas Ibid., p. 118.

J'aime mon ami, qui est bon pour moi, plus qu'un autre homme. Ce n'est pas bien, c'est imparfait, il faut l'admettre (lîden) [...] Si je l'aimais plus que moi-même, ce qui lui adviendrait, joie ou peine (leide) mort ou vie, me serait également sensible Sermon 12, AH1, p. 122.

Ici, l'homme est un homme véritable et aucune souffrance (kein lîden) ne peut s'abattre sur l'être cet homme Ibid.

Si tu es vierge, fiancée à l'Agneau, et si tu as renoncé à toutes les créatures, tu suis l'Agneau partout où il va et tu n'es pas désemparée quand tes amis te causent une souffrance (lîden), ou que tu t'en causes une à toi-même par quelque tentation [...] Qui est élevé a renoncé à toutes les créatures et qui est fiancé à Dieu ne souffre pas (enlîdet), et s'il souffrait (lîden), le coeur de Dieu serait atteint [...] On doit prendre sur soi la souffrance (lîden) et suivre l'Agneau dans la souffrance (leit) comme dans la joie. Les apôtres prenaient sur eux de la même manière la souffrance (leit) et la joie : c'est pourquoi tout ce qu'ils souffraient (liten) leur était doux. Sermon 13, AH1, p. 127.

Dieu peut aussi peu tolérer (lîden) la ressemblance que tolérer (gelîden) de n'être pas Dieu Ibid., p. 128.

Si donc tu veux être en haut et élevé, tu dois être en bas, loin du flot de sang et de chair, car la racine de tous les péchés et de tous les défauts est l'orgueil caché, dissimulé, que suivent seulement souffrance (leit) et douleur. Ainsi l'humilité est la racine de tout bien Sermon 14, AH1, p. 135.

Bien des personnes se plaignent de n'avoir ni intériorité, ni piété, ni douceur, ni consolation particulière de Dieu. De telles personnes ne sont vraiment pas telles qu'elles doivent être; on peut certes les tolérer (lîden), mais ce n'est pas le mieux. Sermon 16b, AH1, p. 151.

Tu dois être stable et ferme, c'est-à-dire semblable dans la joie et dans la souffrance (leides), dans le bonheur et le malheur, Ibid., p. 152.

Cette petite étincelle est nue, dressée sans aucune souffrance (lîden) dans l'être de Dieu. Sermon 20b, AH1, p. 180.

Toute souffrance (leit) et toute joie viennent de l'amour [...] Joie et peine (leit) viennent de l'amour Sermon 22, AH1, p. 194.

La terre ne peut pas fuir assez bas pour que le ciel ne flue pas en elle, n'imprime en elle sa puissance et la rende féconde, qu'elle en ait joie ou peine (liep oder leit) [...] Dieu engendre en toi son Fils unique, que tu en aies joie ou peine (liep oder leit). Ibid, p. 195.

C'est pourquoi il est sorti, bondissant comme un faon, et subit sa Passion par amour Ibid.

Il reçois directement l'influx divin, pur, venant de Dieu et s'il ne se soumet à nul autre chose : ni à la crainte, ni à l'amour, ni à la souffrance (leide), ni à aucune autre chose qui n'est pas Dieu. Sermon 24, AH1, p. 206.

Il est pénible (leit) à Dieu que nous agissions à l'encontre de notre béatitude. Rien ne pouvait arriver de plus pénible à Dieu que le martyre et la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ, son Fils unique, qu'il souffrit (leit) pour notre béatitude Sermon 25, AH1, p. 212.

Si toutes les peines de l'enfer [...] y étaient attachées, la volonté voudrait souffrir (lîden) éternellement et sans cesse avec la volonté de Dieu dans les peines de l'enfer Ibid, p. 213.

c'est pourquoi Notre Seigneur dit très justement : '' C'est ma volonté que vous priiez ceux qui vous font du mal (die uns leit tuont). Sermon 27, AH1, p. 226.

L'homme qui s'est laissé lui-même est si pur que le monde ne peut pas le souffrir (gelîden) Sermon 28, AH1, p. 232.

L'homme injuste sert la vérité, qu'il en ait joie ou peine (liep oder leit) et il sert le monde entier et toutes les créatures et il est un serviteur du péché Ibid., p. 232-233.

Aime Dieu aussi volontiers dans la pauvreté que dans la richesse [...] aime-le autant dans la souffrance que sans souffrance (in lîdenne als âne lîden). Et même plus grande est la souffrance (lîden), plus la souffrance (lîden) est légère; comme deux seaux : plus l'un est lourd, plus l'autre est léger, et plus l'homme abandonne, plus il lui est facile d'abandonner [...] ainsi les apôtres : plus leurs souffrances (lîden) étaient pénibles, plus ils les supportaient facilement Sermon 30, AH1, p. 246.

Dieu opère cette oeuvre dans le plus intime de l'âme et si secrètement que ni ange ni saint n'en sait rien et l'âme elle-même n'y peut rien faire que de la subir (lîdet), c'est l'affaire de Dieu seul. Sermon 31, AH2, p. 9.

Le monde a été créé pour elle afin que les yeux de l'âme s'exercent et se fortifient de manière à pouvoir supporter (lîden) la lumière divine. De même que l'éclat du soleil ne se projette pas sur la terre à moins d'être enveloppé dans l'air et répandu sur d'autres choses, sans quoi les yeux de l'homme ne pourraient le supporter (gelîden), de même la lumière divine est d'une puissance si suréminente et si claire que les yeux de l'âme ne pourraient la supporter (gelîden) s'ils n'étaient fortifiés et portés en haut par la matière et les ressemblances et n'étaient ainsi conduits et accoutumés à la lumière divine Sermon 32, AH2, p. 14.

Elle (l'autre puissance de l'âme) ne peut supporter (gelîden) que quelque chose soit au-dessus d'elle. Je pense qu'elle ne peut supporter (gelîden) non plus que Dieu soit au-dessus d'elle Ibid., p. 15-16.

Cette puissance est si libre et cherche tellement à s'élever qu'elle ne veut supporter (lîden) aucune contrainte Sermon 34, AH2, p. 24.

Certains disent qu'ils ne l'ont pas (la grâce); je dis : ''Je le regrette (daz ist mir leit). Sermon 38, AH2, p. 53.

Sagesse est un nom maternel, car un nom maternel désigne la propriété de souffrir (eines lîdenes); en Dieu sont l'opération et la souffrance (lîden), car le Père est opérant et le Fils est souffrant (lîdende); il en est ainsi en raison de la propriété de naissance Sermon 40, AH2, p. 64.

Et c'est bien fait pour ceux qui désirent autre chose que la volonté de Dieu, car ils sont sans cesse dans les gémissement et le malheur, on leur fait constamment violence et tort, et ils souffrent sans répit (sie hânt alwege leit) Sermon 41, AH2, p. 71-72.

Dieu ne tolère (enlîdet) pas de limite Ibid., p. 73.

C'est pourquoi un homme bon ne désire pas de louange, il désire seulement être digne de louange. Un homme ne doit pas être affligé (leit) parce que l'on est courroucé contre lui, il doit être affligé (leit) de mériter le courroux Sermon 45, AH2, p. 96.

Une question à laquelle il est difficile de répondre : comment l'âme peut-elle supporter (erlîden) sans mourir que Dieu l'étreigne en lui ? Je dis : tout ce que Dieu lui donne, il le lui donne en lui pour deux raisons [...] Voici l'autre raison : parce qu'il le lui donne en lui-même, elle peut le recevoir et le supporter (lîden) en lui, et non pas en elle, car ce qui est à lui est à elle [...] Ainsi elle peut supporter l'union à Dieu (also vermac si ze lîdenne in der einunge gotes) Sermon 47, AH2, p. 109.

Saint Grégoire nous écrit que l'homme qui entend la parole de Dieu pour la garder doit posséder quatre choses [...] La troisième, c'est qu'il ne fasse à personne ce qui lui serait pénible (leit) si on le lui faisait. Sermon 49, AH2, p. 118.

Notre-Seigneur Jésus-Christ était affranchi et pauvre en tous les dons qu'il nous a faits généreusement : dans tous les dons il ne cherchait absolument rien pour lui-même, il désirait seulement la louange et l'honneur du Père, ainsi que notre béatitude, il souffrit (lîdende) et se livra lui-même à la mort par véritable amour. Ibid.

Maintenant je nomme cette fois sa noble âme un grain de blé qui périt dans la terre de sa noble humanité par ses souffrances (lîdenne) et ses actes, dans la tristesse et dans la mort, selon le mot qu'il dit lui-même au moment de sa Passion (dô er lîden solte) : ''Mon âme est triste jusqu'à la mort''. Il ne voulait pas parler de sa noble âme, selon qu'elle contemple spirituellement le Bien suprême avec lequel elle est unie en sa personne; même dans sa suprême souffrance (lîdenne), il contemplait ce bien sans cesse selon sa puissance supérieure, aussi proche et absolument qu'il le fait maintenant, et aucune tristesse ne pouvait y pénétrer, ni souffrance, ni mort. Ibid, p. 121.

Le premier fruit, c'est qu'il a donné louange et honneur au Père et à toute la nature divine, du fait que, par ses puissances supérieures, il ne se détourna en rien et pas un instant [du Bien suprême], ni pour quelque opération de la puissance intellectuelle, ni pour quelque souffrance (lîdenne) du corps [...] L'autre mode est celui-ci : toute la souffrance (lîden) féconde de sa sainte humanité qu'il a souffert (geliten) en cette vie : la faim, la soif, ... il l'offrit absolument en sacrifice pour l'honneur du Père céleste. Ibid, p. 122.

On doit ainsi comprendre le mode corporel : quoiqu'il souffre (lîdet) quant à la faim, la soif, le mépris et beaucoup de souffrances (lîdennes) imméritées, de quelque manière que Dieu le lui inflige, il doit l'accueillir de bon gré et joyeusement, tout comme si Dieu ne l'avait créé que pour la souffrance (lîdenne) [...] et toute sa souffrance (lîdennes) doit lui sembler bien minime, tout comme une goutte d'eau par rapport à la mer déchaînée. Aussi minime doit te paraître toute ta souffrance (lîdenne), comparée à la souffrance de Jésus Christ. Ibid., p. 123.

* C'est toute la faim et l'amertume spirituelles dans lesquelles Dieu le fait tomber; il doit supporter (lîden) tout cela patiemment Ibid.

Ainsi, quand on est dans la souffrance (leiden) et l'affliction, cette lumière est le plus proche de nous [...] Notre-Seigneur dit : '' Tes ténèbres - c'est ta souffrance (leiden) - seront transformées en claire lumière''. Sermon 51, AH2, p. 137.

Car lorsqu'il trouve l'homme aussi pauvre, Dieu opère sa propre oeuvre et l'homme subit ainsi Dieu en lui (und der mensch ist got alsus in im lîdende). Sermon 52, AH2, p. 148.

Qu'elles le veuillent ou ne le veuillent pas, qu'elles éprouvent joie ou peine (leit) : elles veulent toutes exprimer Dieu et il demeure cependant inexprimé. Sermon 53, AH2, p. 152.

La troisième raison : elle (Marie-Madeleine) était tellement submergée de souffrance (leide). Or il arrive que certains, quand meurt leur cher supérieur, soient tellement submergée de souffrance (leide) qu'ils ne peuvent pas se tenir debout et doivent rester assis. Mais comme sa souffrance (leit) avait Dieu pour cause et sa fermeté pour base, ce n'était pas nécessaire pour elle. Sermon 55, AH2, p. 171.

Si l'âme savait quand Dieu pénètre en elle, elle mourrait de joie, et si elle savait aussi quand il la quitte, elle mourrait de douleur (leide) Sermon 56, AH2, p. 174.

Comme on peut le remarquer par le soleil dont personne ne peut supporter (gelîden) l'éclat s'il n'est d'abord absorbé par l'air et ainsi répandu sur la terre Sermon 57, AH2, p. 181.

De même que blanc et noir sont différents - l'un ne peut pas se concilier (gelîden) avec l'autre, le blanc n'est pas noir - Sermon 58, AH2, p. 188.

Dieu aime tant l'âme qu'il ne pourrait le tolérer (gelîden) : il veut lui-même la donner [...] De même l'âme ne peut non plus tolérer (gelîden) de recevoir la vie de quelqu'un d'autre que de Dieu Sermon 59, AH2, p. 195.

La Sagesse éternelle est d'une délicatesse si subtile et si rayonnante qu'elle ne peut pas supporter (gelîden) que quelque créature intervienne lorsque Dieu agit seul dans l'âme, c'est pourquoi la Sagesse éternelle ne peut pas supporter qu'aucune créature en soit témoin. Serm.60, AH3,11.

Il en est ainsi absolument de l'homme qui a une seule volonté avec Dieu : mal et bien, joie et peine (liep und leit), tout est une même chose pour lui. Sermon 61, AH3,16.

Quand il arrive à certaines gens de souffrir (lîdenne) ou d'agir, ils disent : "Si je savais que ce soit la volonté de Dieu, je le souffrirais (lîden) ou le ferais volontiers [...] " l'homme doit accepter tout ce qui lui arrive purement et simplement comme venant de Dieu Sermon 62, AH3,22.

je ne veux jamais demander à Dieu son don, ni jamais le remercier pour son don, car si j'étais digne de recevoir son don, il lui faudrait me le donner, qu'il en ait joie ou peine (laid). Sermon 63, AH3,28.

... mon âme se réjouit de toute la joie et de toute la béatitude dont se réjouit Dieu lui-même dans sa nature divine, que Dieu en ait joie ou peine (leit), car il n'y a là que "un", et où est un, là est tout, et où est tout, là est un. Sermon 67, AH3,49.

De même l'âme qui doit connaître Dieu doit être fortifiée et confirmée, en sorte que rien ne puisse l'impressionner, ni espoir, ni crainte, ni joie, ni affliction, ni amour, ni souffrance (leit), ni rien qui puisse la faire dévier de sa voie. Sermon 68, AH3, 56.

S'il n'y avait pas de médiation entre Dieu et l'âme, aussitôt elle verrait Dieu, car Dieu n'a pas de médiation, il ne peut souffrir (gelîden) aucune médiation. Sermon 69, AH3, p. 62.

Si Dieu n'étais pas en toutes, la nature n'agirait ni ne désirerait rien en aucune chose car, que tu en aies joie ou peine (leit), que tu le saches ou que tu l'ignores, en secret, dans le plus intime, la nature cherche ou vise Dieu. Sermon 69, AH3, p. 63.

La nature de Dieu est de ne pouvoir souffrir (gelîden) ni mélange ni composition. Sermon 69, AH3, p. 64.

L'oeil ne supporte (enlîdet) en lui rien d'étranger. Sermon 70, p. 70.

Que nous soyons soustraits à nous-mêmes et insérés en Dieu, ce n'est pas difficile car il faut que Dieu Lui-même l'accomplissent en nous; c'est une oeuvre divine, l'homme n'a qu'à suivre sans résister : qu'il le supporte et laisse Dieu agir (er lîde und lâze got würken). Sermon 73, AH3, p. 92.

Il veut toujours atteindre le plus haut degré auquel on puisse parvenir dans le temps et ne peut supporter (leiden) quoi que ce soit au-dessus de lui : il veut toujours occuper la place la plus élevée. L'amour n'est pas satisfait tant qu'il existe [en soi] quelque chose avec quoi l'on puisse aimer. Ce saint aimait tellement la pauvreté qu'il ne pouvait supporter (leyden) que quelqu'un fut plus pauvre que lui. Sermon 74, AH3, p. 95.

Que l'homme gémisse et souffre (ist leidic), ce n'est absolument qu'insuffisance. Tout cela doit donc être détruit et évacué pour que l'homme devienne Fils de Dieu : qu'il n'y ait plus ni plainte ni souffrance (leit). Sermon 76, AH3, p. 113.

Aussi longtemps que tu souffres (leit) dans ton coeur pour quoi que ce soit, fût-ce même pour le péché, ton enfant n'est pas né. Si ton coeur souffre (herzeleit), tu n'es pas mère, tu est dans l'enfantement, proche de la naissance. Ne tombe pas pour autant dans le doute, que tu souffres (sîst leidic) pour toi ou pour ton ami : si l'enfant n'est pas né, il est cependant près de naître. Il est parfaitement né lorsque le coeur de l'homme ne souffre (leit) plus de rien; alors l'homme a l'être et la nature de la substance et la sagesse et la joie et tout ce que Dieu a. Ibid.

Je n'ai une vraie joie que si ni souffrance (leit) ni chagrin ne peuvent m'en frustrer, alors je suis transféré dans l'être divin où aucune souffrance (leit) n'a sa place. Ibid, p. 114.

Ainsi la colère de Dieu vient de l'amour, car il s'irrite sans souffrir (er zürnet âne lîden). Si donc tu parviens à ne plus pouvoir ressentir ni chagrin ni peine pour quoi que ce soit, que la souffrance ne soit plus pour toi souffrance et que toutes choses soient pour toi pure joie, l'enfant est véritablement né en toi. Ibid.

La lumière divine est tellement surabondante que l'âme ne peut pas la supporter (gelîden) si elle n'est tempérée et voilée dans la lumière de l'ange et ainsi portée dans l'âme [...] L'ange communique à l'âme sa propre connaissance et la fortifie pour qu'elle puisse recevoir ou supporter (lîden) la lumière divine. Sermon 78, AH3, p. 124.

Pour que la pureté de Dieu agisse en elle, elle ne peut souffrir (lîden) la confusion d'être mêlée aux créatures. Sermon 81, AH3, p. 138.

D'autre part, elle tend vers le plus élevé, en sorte qu'elle ne peut rien supporter au-dessus d'elle. Je dis même absolument qu'elle ne peut supporter Dieu au-dessus d'elle. Ibid., p. 140.

Mais quand toutes les images de l'âme sont écartées et qu'elle contemple seulement l'unique Un, l'être nu de l'âme rencontre l'être nu sans forme de l'unité divine qui est l'être superessentiel reposant impassible en lui-même (lidende ligende in ime selben). Ah ! Merveille des merveilles, quelle noble souffrance (ein edel lîden) c'est là que l'être de l'âme ne puisse souffrir (lîden) rien d'autre que la seule et pure unité de Dieu. Sermon 83, AH3, p. 151.

L'être humain est alors dans la satisfaction spirituelle quand la joie et la souffrance (liep und leit) de la créature ne peuvent abaisser la cime la plus élevée. Sermon 86, AH3, p. 172.

Or nos bonnes gens disent que l'on doit devenir tellement parfait qu'aucune joie ne puisse nous émouvoir et que l'on soit insensible à la joie et à la peine (leide) [...] Vous pensez que tout le temps que des paroles peuvent vous causer joie et souffrance (leit), vous êtes imparfaits. Il n'en est pas ainsi. Ibid., p. 177.

Les paroles faisaient si mal au Christ que si la souffrance (wê) de toutes les créatures avait frappé une seule créature, cette souffrance (wê) n'aurait pas été aussi grande que la souffrance du Christ, en raison de la noblesse de sa nature et de l'union sainte de sa nature divine et de sa nature humaine. Ibid., p. 177-178.

Sans doute arrive-t-il parfois que, par amour, inclination ou grâce, Quelqu'un étant venu dire à un autre qu'il est hérétique ou quoi que ce soit, que cet autre soit inondé de grâce et ne reste impassible dans la joie et dans la souffrance (leide). Ibid., p. 178.